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Bouclier anti-inflation : la ministre Olivia Grégoire veut y inclure les articles scolaires

Il y a 11 mois, 2 semaines

Une fausse bonne idée. Le Gouvernement reçoit aujourd’hui,  jeudi 11 mai, les représentants de la grande distribution. La raison ? Négocier la prolongation du trimestre anti-inflation, plan mis en place début mars. Une observation : les fédérations du commerce spécialisé auraient pu être invitées également. Pourquoi ne négocier qu'avec une seule branche du commerce ? Cela dit, seuls les articles alimentaires étaient jusqu’à présent concernés… Plus maintenant. Madame Olivia Grégoire, ministre chargée des Petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat et du tourisme… a émis sur RTL l’idée suivante : « Les distributeurs prennent sur leurs marges pour faire baisser ces prix (...) Je leur proposerai d'intégrer des produits de la rentrée scolaire pour nos enfants, et je rappelle que trois quarts des Français font leurs courses dans des supermarchés pour la rentrée scolaire ».

L’idée est donc de faire baisser une nouvelle fois le prix des fournitures scolaires. 

Cinq remarques s’imposent, car je pense que notre ministre ne connaît pas exactement comment fonctionne en amont le marché spécifique de la fourniture scolaire :

1) Comme toujours,  les coupables sont les industriels de la papeterie et des fournitures. Ils ne font pas assez d’efforts pour aider les ménages. Comme chacun sait, ils ont répercuté toutes les hausses qu’ils ont subi (matières premières, énergie, etc.) auprès des distributeurs… 

2) Les négociations commerciales 2023 sont achevées depuis plus d’un mois. Les achats ont été effectués de la part des revendeurs. Suggestion à notre Président de la République : il serait temps de mettre au musée ces négociations commerciales trop rigides pour revenir à un système plus simple. Simplification est un mot à la mode.

3) Les prix des fournitures scolaires sont déjà très bas. Ce n’est pas un cahier de qualité à marque nationale à 2 euros qui mettra en difficulté le pouvoir d’achat de nos compatriotes, mais plutôt la hausse spectaculaire du prix des spaghettis, de l’essence, etc. 

4) D’ores et déjà, fournisseurs et distributeurs ont réalisé des efforts communs pour contenir les prix publics à l’occasion de la prochaine rentrée scolaire. Que faire de plus ?  

5) Cette volonté de notre ministre aura pour conséquence, peut-être, d’inverser une tendance forte depuis plusieurs années : le repli des MDD. En s‘adressant uniquement à la GSA,  et vu le discours tenu,  les MDD, donc des produits chinois (nous ne parlons pas ici des questions environnementales), ont de fortes chances de regagner des parts de marché au détriment  des marques nationales. 

Alors, Madame la ministre, s’il vous plaît, laissez tranquille la fourniture scolaire. Les problèmes de nos compatriotes sont ailleurs, et je ne parle pas de la retraite. 

F. L. 

-Guillaume Nusse, directeur général de Clairefontaine-Rhodia. 

« En ce qui concerne la rentrée des classes, nous sommes face à une véritable fable ! Tous les tarifs sont déjà prévus, fixés, et comme chaque année les promotions des distributeurs rendent les produits best off très attractifs en termes de prix pour les consommateurs. Même une enseigne propose déjà du 100 % remboursé ; que faire de plus ? » 

-Adrien Peyroles, directeur général de Bureau Vallée

« Nous sommes le spécialiste sur ce secteur (rentrée des classes - Ndlr), par essence nous défendons le pouvoir d'achat des Français pendant cette période. A l'heure actuelle, je passe un temps infini sur comment respecter le seuil de revente à perte. Parfois, on serait prêts à perdre de l'argent mais c'est difficile de faire plus car nous sommes contraints par la loi.»

« Comme dans tous les autres secteurs, les fabricants de fournitures scolaires ont subi la hausse des coûts de l'énergie et des matières premières. Mais ils ont tardé à appliquer ces hausses car ils ont attendu les négociations annuelles avec les distributeurs. Donc il y aura une déflation sur les produits de la rentrée scolaire mais qui tardera à venir.»

« Sur les fournitures scolaires, qui sont des achats saisonniers, il existe de l'anticipation de la part des distributeurs. Nous concernant, par exemple, tous les achats ont été faits et sont terminés depuis plusieurs mois déjà. Pour mettre en place des solutions effectives, il faut mettre autour de la table distributeurs et fabricants. Nous avons une formidable industrie papetière en France qui est très forte, que nous devons valoriser. Ne pas les inclure va forcément amener à prendre des décisions sur le choix de produits à mettre dans ce fameux panier anti-inflation qui mettront en avant des produits dont la qualité ne sera pas au rendez-vous. Ce n'est pas la solution ! Ce qui compte c'est la valeur d'usage.»

« Bien avant la crise inflationniste, nous accompagnons les familles dans un changement des comportements de consommation. En l'occurrence, le fait de faire l'inventaire de ses fournitures afin de ne racheter que ce qui est nécessaire. Mais aussi la seconde main qui se développe de plus en plus permettant pour les  consommateurs d'avoir des bons d'achats (chez Bureau Vallée il est de 10€) lorsqu'ils revendent leurs cartables par exemple. Il s'agit de faire de la pédagogie d'une démarche de consommation plus globale. »