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Transat Jacques Vabre – Bureau Vallée : Et la lumière fut...

Il y a 8 années, 4 mois

Depuis le vendredi 30 octobre au matin, Louis Burton et Romain Attanasio ne disposaient plus d'énergie à bord de l'Imoca Bureau Vallée.

Après une panne moteur, un départ de feu sur le boitier convertisseur d'énergie du système des hydro générateurs avait définitivement coupé le courant.

Les deux marins avaient pris alors la décision de continuer sans électronique et sans pilote automatique afin de garder le minimum d'énergie vitale de leurs batteries pour actionner le basculement de la quille, avec l'espoir de réussir à relancer l'une des deux sources d'électricité du bord.

C'est désormais chose faite, puisque Louis Burton a repris contact hier soir (dimanche 1 er novembre) pour annoncer qu'il avait réussi à relancer les hydro générateurs, dont le système avait pourtant été endommagé par le feu. Une bonne nouvelle qui a également regonflé le moral des 2 marins qui sont désormais concentrés sur la suite de la course.

Peux-tu nous faire un retour sur les événements ? Notamment sur le départ de feu ?

Louis Burton : Nous étions à l'extérieur avec Romain en train de se concentrer sur les réglages, et cela s'est mis à sentir le brulé assez fort dans la cabine. Cela venait du compartiment central arrière qui est tout au fond du bateau. J'ai passé une tête, et vu de la fumée ; ça piquait les yeux. Je suis ressorti pour prendre un extincteur, et j'ai arrosé la zone qui brulait, à savoir le boitier électronique qui sert à convertir à et à gérer l'électricité produite par les hydros. C'est la première fois que je suis confronté à un départ de feu à bord, et même si ce n'était pas des grosses flammes, c'est assez impressionnant, surtout dans ce petit compartiment à l'arrière du bateau auquel on accède uniquement en rampant..."

Comment as tu réussi à relancer le système ?

Nous avons travaillé avec notre équipe technique et avec les concepteurs des hydros pour créer une procédure afin de démonter le boitier et de récupérer le plan détaillé du circuit imprimé du système. Après, j'ai joué à l'apprenti électricien. Il a d'abord fallu nettoyer tout ce qui avait brulé sur le circuit, puis faire de nombreux tests au multimètre pour trouver les courts circuits générés par le feu. Une fois isolés, j'ai enlevé les éléments cramés ou qui étaient en court circuit. J'ai shunté (nldr : dérivé) le + de l'hydro avec le + de la batterie et pareil pour les moins, et soudé les fils pour que cela tienne. J'ai tout remonté, fait un premier essai qui a raté. Il restait un court circuit. Les fusibles ont pété, donc j'ai tout repris depuis le début, et au 2e essai cela a marché ! On avait peur aussi que ça ne puisse plus fonctionner à cause de la poudre de l'extincteur, mais en nettoyant bien ça l'a fait ! La réparation a duré 6 heures... et pendant ce temps là, Romain barrait pour continuer à avancer au maximum !

Est-ce que vous avez pu récupérer toute l'énergie nécessaire à bord ?

C'est une réparation de fortune. Le système est branché en direct sur la batterie sans éléments qui permettent de réguler le courant produit, et donc de le couper en cas de besoin... Le boitier chauffe toujours pas mal, donc nous faisons des cycles assez courts, d'environ 1h30 de charge, puis on laisse refroidir pour ne pas prendre de risque. On charge environ 15 ampères, ça nous permet d'avoir un peu de jus, mais nous ne sommes clairement pas dans une situation optimale. Cela nous a permis de relancer la centrale de navigation et d'avoir les infos pour bien naviguer. On a aussi pu rallumer l'ordinateaur, prendre un grib (fichier météo) et faire des routages, ce qui n'est pas tant mal à l'approche du Pot au Noir. Mais on l'utilise au minimum. Et on reste à la barre la majorité du temps car le pilote tire beaucoup sur les batteries. Nous n'avons pas fait tourner le dessalinisateur, car à priori, nous avons assez d'eau en réserve, mais je suis quand même bien content qu'on puisse en faire si besoin.
Bref, l'objectif maintenant, c'est d'essayer de retrouver un maximum de vitesse, car les petits copains d'à côté, ils envoient bien, et de se préparer à l'arrivée dans le Pot au Noir. On est désormais sous grand spi. On va aussi essayer de regarder ce que l'on peut faire sur le moteur, mais c'est a priori plus compliqué, car le démarreur est foutu, et qu'on a pas de prise sur ce moteur pour essayer de faire un démarrage « manuel » en le lançant ... Et puis, cela nous obligerait surement à déplomber.

Retrouvez ici le site de Louis Burton - Bureau Vallée